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Il y a des prénoms qui portent la poisse …car aujourd’hui encore, sous la plume de Nathalie Azoulai, Bérénice se fait larguer par Titus. Malgré lui, malgré elle nous dirait le poète (tu parles !). Mais le résultat est le même depuis la nuit des temps : Bérénice se languit ; et Titus mourra.
Nathalie Azoulai nous donne à lire un chagrin d’amour, un vrai de vrai. Sa Bérénice s’étiole et pleure. Jusqu’au jour où des vers de Racine lui reviennent en mémoire : "Captive, toujours triste, importune à moi-même". Ou encore, "Parfois je demeurais errant dans Césarée".
C’est décidé, elle fera de Racine son frère de douleur. Racine, cet éternel jeune homme impressionné par Didon, femme abandonnée et suffocante décrite par Virgile. Racine à jamais marqué par la détresse de « la chair, de la vraie chaire humaine, blessée, comblée, impatiente ». Il lui fera toucher du doigt la tristesse majestueuse de la séparation, du décalage du désir.
Et à la fin, à la toute fin, Bérénice comprendra et saura que l’on peut tout souffrir.
Mais entre temps, elle y aura la vivacité d’esprit et la plume légère de Nathalie Azoulai. Elle s’empare de Racine et en fait un vrai beau personnage de roman. Elle nous le montre tiraillé entre sa rigueur janséniste, ses légéretés courtisanes, son ambition féroce.
…Et devant nos yeux, par la magie du verbe et de l’imagination de la romancière, nous n’avons pas le Racine statufié de nos vieux Lagarde et Michard mais un Racine en devenir.

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